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Yvan Goll est le pseudonyme d' Isaac Lang , né à saint-Dié-des-Vosges le 29 mars 1891 et mort à Neuilly-sur Seine le 27 février 1850 qui fut un poète et écrivain bilingue allemand et français. On rencontre parfois l'orthographe Ivan Goll. Après des études, en allemand, de droit, d'histoire de l'art, de littérature et de philosophie, il se lie à l'expressionnisme berlinois, publiant poèmes et manifestes donnant la primauté à la vie et l'éthique sur l'esthétique. Très tôt, il est critique de son oeuvre et réécrit ou détruit ses poèmes; ainsi Le Canal de Panama est publié en 5 versions. En 1914, pour échapper à la conscription allemande, il se réfugie en Suisse, publie Elégies Internationales , pamphlet contre cette guerre. A Paris (1919), Goll traduit en allemand l'Ulysse de Joyce et L'Or de Cendrars . Il voyage beaucoup (Angleterre, Suisse, Italie), assiste aux répétitions de ses pièces de théâtre ( Mathusalem ou l'éternel bourgeois, Celui-qui-ne-meurt-pas, etc - théâtre qui annonce le théâtre de l'absurde). Il est pacifiste militant aux côtés de Romain Rolland, Pierre Jean Jouve, Stefan Zweig, James Joyce,... Il rencontre Claire Studer, journaliste allemande qu'il épouse à Paris en 1921. De 1939 à 1947 , le couple s'exile aux États-Unis pour échapper aux persécutions nazies , vivant de journalisme et de littérature. Dès la fin de la guerre Yvan Goll fait paraître deux anthologies de poètes français et allemands pacifistes. Atteind de leucémie en 1944, il meurt en 1950. Claire Goll publiera Traumkraut ( l'Herbe du Songe ) de même que nombre de poèmes inédits. Lire : la biographie d'Albert Ronsin |
« Je n'ai jamais entendu Goll parler avec amertume de rien, ni de personne. D'abord il parlait peu. Pour mieux dire il ne prenait jamais la parole. Il attendait qu'un silence des autres vînt la lui offrir. Il était si naturellement modeste qu'on oubliait de s'en apercevoir : dans ce New York des années de guerre, il était comme un exilé, ainsi que d'autres, ainsi que nous. Ce que je tiens à dire, en m'inspirant de la modération et de la pudeur qu'il montrait, c'est que peu de poètes de notre temps ont été moins superflus. Je n'ai jamais rien lu de lui qui ne me semblât nécessaire, justifié, dicté. Rien qui, du même coup ne fût intéressant et émouvant. Ce sont là deux épithètes qui peuvent paraître faibles aux amis de l'emphase. Je leur attache pour ma part beaucoup de prix, et ne les décerne, dans la vérité de mon cour, qu'à un tout petit nombre. Bien des poèmes d'Yvan Goll ont de grandes chances d'être durables. Une raison particulière qu'ils ont de durer est qu'Yvan Goll, sans l'avoir prémédité ni cherché, se trouve avoir exprimé tout à la fois, d'une manière indissoluble, lui-même et son époque, le tournant du vivant qu'il était, et le tournant de l'âge où il lui était imposé de vivre. »
Ces paroles de Jules Romains furent prononcées le 2 mars 1950 lors des obsèques d'Yvan Goll.
Voir aussi : la revue Europe
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En mars 2004, la revue Europe publiait un numéro spécial Yvan Goll.
La présentation du poète par Jean Bertho souligne l'injustice qui est faite à son oeuvre trop vite et trop tôt oubliée.
Elle dévoile le rôle joué par la veuve Claire Goll qui dans son désir de demeurer la seule héritière littéraire de Yvan Goll alimente la querelle YvanGoll/Paul Celan et éloigne Joë Bousquet de la préparation des éditions posthumes.
lire : l'excellente présentation de Jean Bertho dans la revue Europe
L'artiste italienne Laura Pitscheider quand à elle, a lu les textes publiés par Claire Goll.
Dans les années 80, elle a travaillé à partir "Herbe du songe" un ensemble de 23 gravures à tirage unique.
Dans les années 2000, elle s'est inspirée de "Trois odes à Claire" pour une nouvelle suite de gravures qui ont été présentées successivement à la bibliothèque municipale de Strasbourg etau Musée Pierre Noël de Saint-Dié-des-Vosgesà qui Claire Goll a confié le fonds Claire et Yvan Goll.
Publications
"Je n'aurais pas duré que l'écume
Aux lèvres de la vague sur le sable
Né sous aucune étoile un soir sans lune
Mon nom ne fut qu'un sanglot périssable"
extrait de Jean sans terre
qui est aussi son épitaphe sur sa tombe au Père Lachaise
Revue Europe 899 mars 2004
L'herbe du songe Arfuyen ; 02/1988
Sodome et berlin Circe ; poche ; 08/1995
"Une fois la mer divisée en sept bandes distinctes. Mince lise cendrée écrétant le broché de l'écume. Puis frange émeraude, nappe turquine, rizière verte séparée de la fine corde argentée de l'horizon par un fond de mer bleu sec. Sur cette eau sectionnée l'intime de tout vu en coupe. Le canevas cannelé de la vie. Les libations. Le millefeuilles du cerveau. L'ivresse de la métamorphose dans l'inchangé. La mer nous souvenant ce que nous sommes. Du strié de zèbre spirituel piquant des deux vers son assomption. Une suie de poussières multiples. L'infini dans la dissection. La connaissance dans le tri. L'aubier déchiqueté de l'arbre des Séphirots. "
extrait de la Mort n'est jamais comme
Pour lire d'autres extraits de ce poème : le site de l'écrivain Claude Ber